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Les Banques centrales plus dangereuses que le Coronavirus ?

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Une semaine mouvementée, entre baisse des taux de la Fed et remontée de Joe Biden.

Les marchés financiers sont devenus extrêmement volatils depuis la propagation du Coronavirus en dehors de Chine. On pourrait même dire qu’ils dansent le tango : une séance de hausse suivie de deux séances de baisse. Mardi 3 mars, Jérôme Powell, le président de la banque centrale américaine (la Fed), baisse les taux directeurs de 0,50%. Difficile de comprendre la logique de cette décision, si ce n’est le souhait de faire plaisir à Donald Trump réclamant depuis longtemps aux « crétins de la Fed » une baisse supplémentaire : « As usual, Jay Powell and the Federal Reserve are slow to act (…) Other Central Banks are much more aggressive ». Comment peut-on imaginer une seule seconde que, si des millions d’Américains venaient à être confinés chez eux, cette mesure pourrait avoir un quelconque impact sur la consommation et donc l’économie ? D’autant plus que, selon Powell lui-même, «les fondamentaux de l'économie américaine restent solides ». Cette baisse surprise des taux est uniquement une réponse immédiate à la forte baisse des marchés actions, et cette décision semble avoir été prise dans l’urgence, car c'est la première fois que la Fed baisse ses taux directeurs en dehors d'une réunion depuis le 7 octobre 2008, quelques semaines après la faillite de Lehman Brothers. Si la croissance mondiale en 2020 sera très certainement inférieure à celle de 2019, il est difficile d’envisager à ce stade une récession comme en 2008. L’attitude de la Fed paraît donc disproportionnée, obnubilée par la santé de la Bourse. Les investisseurs ne s’y sont pas trompés, les indices boursiers américains chutant de près de -3% le jour de l’annonce.

Mercredi 4 mars, les mêmes indices reprennent près de 4%, saluant le retour en force de Joe Biden dans la course à l'investiture démocrate avec un bon score à l’issue du « Super Tuesday ». Joe Biden est perçu comme plus rassurant que Bernie Sanders, hostile aux marchés financiers avec ses projets de taxation des riches et de resserrement du contrôle des banques et du système financier.

L’enseignement à tirer est que les investisseurs sont davantage rassurés par la victoire possible de Biden (et l’élimination de Sanders) que par l’action de la Fed qui continue d’administrer (comme les autres banques centrales) un remède pire que le mal, à savoir une politique de taux bas alimentant la dette. Ce sont donc les Etats qui vont prendre le relai en annonçant dans les prochaines semaines des mesures budgétaires exceptionnelles de soutien à la croissance, et qui ne manqueront pas de faire flamber de nouveau la dette mondiale. Avant son éclatement prochain où le risque de contagion sera encore plus difficile à maîtriser que la propagation du virus.