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Zéro pointé pour Bruno Le Maire

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Bruno Le Maire est convoqué dans le bureau de la directrice d’une agence de notation (NDLR : ce récit est une fiction)

- Mon petit Bruno, je ne suis pas contente du tout. Cela fait bientôt sept ans que vous êtes en poste et vos résultats sont plus que médiocres. C’est le moins qu’on puisse dire. Passons encore sur votre manque de clairvoyance concernant l’inflation, tout comme vos déclarations sur le fait que la France était au seuil de Trente Nouvelles Glorieuses. Mais il va bien falloir à un moment donné que vous redescendiez sur terre pour regarder les chiffres en face. Car enfin, sur quelle planète vivez-vous ? Lorsque vous êtes arrivé en 2017, la dette publique était de 2190 milliards d’euros. Elle est de 3101 milliards aujourd’hui. Le déficit public est passé de 84 milliards à 154 milliards. Et je ne parle pas du commerce extérieur. Tout cela manque cruellement de rigueur.

- C’est la faute au covid, s’emporte Bruno Le Maire.

- C’est faux mon petit Bruno. Votre camarade allemand a lui aussi été touché par le covid. Pourtant la dette publique allemande a baissé sur la même période de 69 % du PIB à 66 %, tandis que celle de la France est montée de 98 % à 111 %. Ne soyez donc pas de mauvaise foi.

- C’est la faute à Poutine.

- Avec vous, c’est toujours la faute des autres. La dette publique russe, elle, ne représente que 20 % du PIB. Alors franchement, vos déclarations sur l’effondrement de l’économie russe... j’en ris encore. Vous ne voyez donc pas que c’est l’inverse qui est en train de se produire ? Que c’est la France qui est sérieusement en train de décrocher.

- Mais c’est parce que la Russie est en mode économie de guerre. Elle génère plus de croissance que la France

- Alors c’est ça votre solution ? Vouloir entrer officiellement en guerre avec la Russie pour relancer la croissance française et ainsi pouvoir justifier toutes vos dépenses ? Mais vous pensez sérieusement qu’Emmanuel va impressionner Vladimir ? Poutine est un homme fier qui chasse l’ours. Que croyez-vous qu’il pense d’un homme qui se la joue Rocky Balboa et qui en même temps se prend en photo avec des travestis ?

- C’est la faute d’Emmanuel. Il m’a hypnotisé avec son regard bleu métallique.

- Bruno, il va falloir que vous assumiez vos choix. Vous n’avez pas suivi Emmanuel uniquement pour ses beaux yeux, j’imagine. Enfin, j’espère…

- Il me force à faire des choix qui ne sont pas les miens. Le pognon de dingue, l’abondance…Tout ça c’est lui. J’ai toujours été contre les dépenses. D’ailleurs, c’est ce que j’explique dans mon dernier livre.

- Encore un livre? Cela fait sept ans que vous êtes au gouvernement et vous avez écrit six livres ! Votre problème c’est que vous passez votre temps à écrire ce qu’un homme aux responsabilités devrait faire, alors que vous êtes précisément au pouvoir. Mais vous n’en faites rien, à part écrire des romans cochons. Je vous le dis, si vous voulez avoir une bonne note, mon petit Bruno, il va falloir vous ressaisir. Les caisses sont vides, et il va falloir les remplir.

- Vous pouvez compter sur moi. Du renflement au renflouement, il n’y a qu’un pas.

Sébastien Bérard, auteur: Le grand saigneur (JDH éditions)