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Les investisseurs continuent d’ignorer le risque géopolitique

Crédits photographie : Visuel libre de droit

Malgré l'accumulation des risques géopolitiques, les marchés continuent de monter

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, le S&P 500 (indice boursier constitué des 500 plus grandes entreprises américaines) a ouvert en baisse de -2,4 % pour finir en hausse de 1,5 %. Après l’attaque terroriste du Hamas, le S&P 500 a ouvert en baisse de -0,5 % pour finir en hausse de 0,6 %. Curieusement, le marché semble considérer le risque géopolitique comme une opportunité d’achat. Pourtant, la période de hausse des marchés durant plus d’une décennie semble toucher à sa fin, coïncidant avec une contestation de plus en plus forte de la suprématie des États-Unis, à commencer par son premier représentant.

De nombreux dirigeants d’autres pays souhaiteraient ainsi remplacer Joe Biden, et notamment Vladimir Poutine. Donald Trump a récemment indiqué qu’il mettrait fin à la guerre en Ukraine le lendemain de son élection, et que les États-Unis seraient en position de réserve au sein de l’OTAN, ce qui laisserait le champ libre à Poutine en Europe. Xi Jinping également, puisque Trump pourrait abandonner Taïwan, ne voyant pas pourquoi les États-Unis entreraient en guerre avec une puissance nucléaire comme la Chine pour une petite île. Le prince d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane n’aime pas non plus particulièrement Joe Biden, comme les autres pays du Moyen-Orient.

Pour arriver à leurs fins, les leaders de ces pays ont compris que la meilleure manière d’influencer le vote de la prochaine élection américaine est que le monde connaisse des guerres et que le prix du pétrole monte. L’Arabie Saoudite a besoin d’un baril à 100$ pour équilibrer son budget, tandis que Poutine (récemment en visite dans les pays du Golfe) a besoin de financer la guerre en Ukraine. De plus, la hausse du baril est le moyen le plus efficace de mettre sous pression le pouvoir d’achat du consommateur américain, au moment où ce dernier semble avoir épuisé son matelas d’épargne accumulé durant le covid. En effet, le distributeur Walmart (baromètre de la consommation américaine) s’est montré plus prudent sur ses perspectives, faisant plonger l’action en bourse de -8% (https://www.cnbc.com/2023/11/16/walmart-wmt-earnings-q3-2024-.html). Rien de mieux que la hausse du prix de l’essence à la pompe pour rendre un président impopulaire, d’autant plus que Joe Biden a œuvré à réduire de manière significative le niveau des réserves stratégiques de pétrole (https://www.reuters.com/business/energy/us-seeks-buy-6-million-barrels-oil-reserve-by-january-2023-10-19/), rendant les États-Unis plus vulnérables à une hausse des prix du baril.

Pour le moment, Trump est en tête dans les études d’opinion. En effet, la politique étrangère et l’économie sont deux talons d’Achille pour Joe Biden. Un récent sondage pour NBC (https://www.nbcnews.com/politics/2024-election/poll-bidens-standing-hits-new-lows-israel-hamas-war-rcna125251) indique que 62 % des Américains désapprouvent la politique étrangère de Joe Biden, tandis que dans un autre sondage du New York Times, 59 % des votants des « swing states » font confiance à Trump sur l’économie, contre 37 % pour Biden.

Les fondamentaux de marché ont radicalement changé depuis plus d’un an, avec le passage d’une ère de taux bas et de bulles spéculatives à un monde plus conflictuel, inflationniste et récessionniste. Malgré ces incertitudes, les marchés continuent de monter, avec un S&P 500 en hausse de près de 20% depuis le début de l’année, et un indice de volatilité (VIX) au plus bas, reflétant un niveau de nervosité extrêmement faible. La question est de savoir durant combien de temps encore les investisseurs vont continuer d’être complaisant.