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2020 : l’agonie du Big 3 ?

Crédits photographie : Visuel libre de droit

C’est l’arlésienne des années 2010 dans le tennis…

Cela fait des lustres que les observateurs avisés du monde de la petite balle jaune prédisent tour à tour l’effondrement du Big 3, ce trio d’enfer constitué de Roger Federer (20 titres du Grand Chelem), Rafael Nadal (19) et Novak Djokovic (16) au profit d’une Next Gen qui n’en finit pas d’arriver. Cette année encore, les trois larrons ont accaparé les quatre levées de la catégorie de tournois la plus prestigieuse (Roland Garros et US Open pour Nadal, Open d’Australie et Wimbledon pour Djokovic après une victoire miraculeuse sur Federer). Pourquoi donc poser de nouveau la question ? C’est que cette fois, les jeunes poussent comme jamais ils n’ont poussé auparavant. Et parmi ceux-ci, les principales menaces s’appellent Tsitsipas (vainqueur du Masters en fin d’année), Medvedev (vainqueur des Masters 1000 de Cincinnati et de Shanghaï dans le prolongement d’un été exceptionnel), Zverez (vainqueur d’un seul ATP 250 à Genève) et Thiem, le plus « âgé » avec ses 26 ans, vainqueur du Masters 1000 d’Indian Wells face à Federer en mars. Mais si la Next Gen a déjà pointé le bout de son nez en remportant plusieurs Masters 1000 par an en 2017 en 2018, l’année écoulée semble marquer une inflexion dans le sens où Nadal et Djokovic ont dû particulièrement s’employer pour remporter les quatre levées du Grand Chelem cette année. En Australie, Djokovic a été poussé dans ses retranchements par Medvedev en huitième de finale de la compétition au cours d’un match au niveau de jeu exceptionnel, notamment durant les deux premiers sets. A Roland Garros, pour la première fois depuis longtemps, il y a eu du suspense en finale lorsque Thiem a égalisé à un set partout contre Nadal. Et à l’US Open, le fabuleux dernier acte en cinq sets entre ce même Nadal et Medvedev a laissé l’Ibère sur les genoux, tant la bataille fut âpre. Ce qui différencie ces jeunes pousses et qui fait croire qu’ils pourraient enfin déboulonner les trois géants, c’est leur insoumission, leur capacité à prendre de la distance vis-à-vis de l’aura de leurs adversaires dès qu’il s’agit de jouer les points les plus importants au cours d’un match contre eux. Si cela n’est pas encore le cas pour Zverev qui a encore et toujours tendance à se liquéfier en fin de set, Tsitsipas et Medvedev ont en revanche démontré un rare sang-froid qui les a menés plusieurs fois à la victoire et fait vaciller progressivement les certitudes. La saison 2020 s’annonce donc avec un choc des générations qui pourrait atteindre son pic. Laissons le mot de la fin à Roger Federer himself, qui n’est pas le plus manche des tennismen en activité : « Tout peut arriver. Je pense qu’une année très intéressante s’annonce. Au-delà de Rafa et Novak, il y a aussi les retours d’Andy et de Stan qui retrouvent leur meilleur niveau. Dominic joue de manière incroyable, mais c’est aussi le cas de Berrettini, Sascha et Tsitsipas. C’est très difficile de gagner tous les ans. J’étais très proche d’y parvenir à Wimbledon et j’aimerais laisser mon empreinte parmi les plus grands vainqueurs de titres du Grand Chelem. Je pense que le moment viendra. Le « vieux » n’a donc pas dit son dernier mot et gageons qu’il faudra encore compter sur lui l’an prochain. Cela nous promet une saison 2020 des plus palpitantes avec un Big 3 qui vendra chèrement sa peau face aux jeunes loups.