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Se souvenir de son chez-soi

Crédits photographie : Visuel libre de droit
La Piscine de Roubaix : rencontre artistique entre Orient et Occident

Se souvenir de son « chez-soi » pour rester vivant : libres pensées sur la place de la France dans le monde

L'observation de notre monde actuel révèle deux mouvements : l'un tenant à la remise en cause de l'hégémonie américaine face à l'affirmation de la puissance chinoise, l'autre tenant à la résurgence des questions religieuses s'incarnant dans le recul du christianisme face à un Islam conquérant.

L'Occident judéo-chrétien voit sa suprématie remise en cause. Alors que nous semblons la découvrir, cette opposition Orient/Occident sous-tend pourtant l'histoire du monde depuis l'Antiquité. Alors que ce rapport de force s'est longtemps cristallisé autour du rapport Europe/Moyen-Orient (Alexandre le Grand, guerres mauresques, empire ottoman, bataille d'Égypte de Napoléon pour ne citer que ces exemples), la mondialisation et la prédominance de la guerre économique des temps récents, portées par l'évolution des techniques, ont donné une autre expression à ce rapport de force autour de la bataille entre les puissances américaine et chinoise. Alors que la spiritualité a longtemps mené ce rapport de force, ce dernier resurgit à travers le réalisme et l'hégémonie du marché. Dans le même temps, l'islam politique opère un travail métapolitique sur nos sociétés européennes. 

Ce balancier a quelque chose de solaire, tel le flux et le reflux des marées. L'Orient n'a cessé de prendre sa revanche et la période actuelle symbolise le reflux du mouvement occidental.

Face à cet état de fait, la question de son "chez-soi" doit retenir toute notre attention. Face aux forces en présence, il est à constater que :

-       les USA opèrent un repli protectionniste, voire nationaliste,

-       la Chine est clairement nationaliste,

-       l'islam politique fonde l'Oumma comme seule et unique "nation" des croyants,

-       les États européens ont vu leur identité diluée dans la construction d'un fédéralisme dévoué à la puissance américaine.

Face à ce mouvement devenu condition commune de la mondialisation, le "chez-soi" renvoie à la détermination de son propre référentiel de la mondialisation. C'est le fondement de ce qui nous permet de nous orienter dans ce monde en mouvement. Dans une époque qui prône l'uniformisation et l'indifférenciation, retrouver son enracinement c'est retrouver son point de départ pour cheminer vers un point d'arrivée espéré. À travers la perception du "chez-soi", c'est retrouver le sens spatial et temporel de notre progrès dans son sens noble. Déraciné, le progrès est devenu progressisme, destructeur, orphelin de cohésion de sens, réduit à une conception technique dépourvue de morale ou de valeur, où l'émerveillement n'a plus de place.

Aujourd'hui, les nations européennes, déstructurées par les assauts de la construction communautaire, ont perdu l'idée de leur "chez-soi", et de fait leur sens et l'émerveillement de ce qui les ont constituées durant des siècles. La France est renvoyée à son existence par ses ennemis. L'heure n'est plus à l'épopée de la grandeur mais à la lutte contre la disparition. Déculturée par l'américanisation et par le multiculturalisme, la France se vide de sa substance. Or, nous assistons à un retour de cette idée de "chez-soi", un murmure populaire revendiquant la volonté du peuple de persévérer dans son être et dans ce qui le fonde.

Cette question est diabolisée par l'agitation du drapeau du retour aux années 30, ce qui est bien s'aveugler sur l'orientation du balancier présent. Cela soulève une question présente d'existence : face aux nouvelles forces agitant le monde, l’enjeu n'est plus tant de se revendiquer grande nation, mais de ne pas disparaître… Ce souvenir de son "chez-soi", c’est rester vivant. Sans cela, nous n'aurons pas d'avenir.